French…

LA VRAIE VIE DE THEO HAKOLA

de Ben Brulé (2006)

Theo Hakola est américain. Theo Hakola est un plouc américain, né et élevé il y a pas mal de temps dans un bled totalement républicain et bien blanc. Rejeté de toutes les universités dignes de ce nom, il trouve refuge dans une fac “alternative” où il s’épanouit dans les cours de travaux manuels. C’est ainsi qu’il confectionne un instrument de musique appalachien (!) inaccordable et au répertoire plus limité que celui de l’alto, le “dulcimer”. Il donne aussi des petits cours de photographie, y prône le flou et les taches, suivant l’enseignement de certains “artistes d’avant-garde” (Franz Klein, etc). Trop maigre pour la société ricaine, il s’en va au pays de cocagne des loosers américains. A peine arrivé à Paris, il se fait larguer par sa copine, danseuse au Crazy Horse. Il décide alors de devenir chanteur, le punk lui faisant croire qu’aucun talent n’est nécessaire pour réussir… N’est pas Sid Vicious qui veut mais la France se pâme bien évidemment devant ses efforts de tâcheron dans le maniement de la langue française et prend ses contorsions influencées par l’usage du Fringanor au sein du groupe Orchestre Rouge pour une révolution de l’art scénique. Après avoir bien gâché la vie de ses camarades de groupe portés sur la démocratie avec ses prétentions chmarismatiques et égomaniaques, il dissout le groupe, en monte un autre, Passion Fodder (Chair à Passion ?!) en recrutant des musiciens interchangeables qui acceptent ses lubies sans coup férir.


Furieux du manque de reconnaissance, malgré un contrat juteux chez… Barclay (Soi-disant politisé et engagé à fond à gauche, le sieur Hakola ne recule devant rien pour que son “Art pénètre le cœur ainsi que le cerveau des auditeurs” dixit lui-même !) il se décide à jeter le masque et commence à l’orée des années 90 à enregistrer des albums sous son propre nom, ornant les pochettes de ses disques à 2 balles de tableaux ou de photos le représentant sous les traits d’un “dandy gentleman rocker” (??!) Non content de frimer sur scène, encore plus que les idoles fugaces des groupes londoniens encensés par la critique servile et vendue, délaissant la pose d’un Johnny Thunders (qui lui au moins aura la décence de se suicider à La Nouvelle-Orléans), il endosse des costards à la Nick Cave (mais sa forte nature de cheveux ne lui permettra hélas jamais de rivaliser avec la calvitie naissante de Sir Nick), lui pique parfois son batteur Thomas Wydler ou son violoniste Warren Ellis (l’ex-violoniste d’Hakola a dû succomber à un cancer des poumons, vu qu’elle passait le plus clair de son temps sur scène à fumer des clopes sans filtre, en ayant l’air de s’emmerder encore plus que nous) scieur de bois jouant faux, et se met à La Littérature. D’où une série de romans épais et indigestes, brouillons et confus, publiés, entre autres, par la maison d’édition de Brigitte Bardot. Les dictons sont parfois justes : qui se ressemblent, s’assemblent ! Romans qui même traduits en finlandais ne se vendront guère.


Il se proclame aussi producteur artistique et retarde ainsi l’éclosion des merveilleux et purs Noir Désir, les forçant à signer sur une saloperie de muti-nationale pourrie (Universal = univers sale), englue l’électricité des Hurleurs dans un magma de trombones faux à lier, lyricise la belle énergie de E.V., et fait perdre ses esprits à Patricia Mazuy, cinéaste qui aurait pu devenir la Nicole Garcia des années 90 s’il ne l’avait pas détruite avec ses larsens vachement larséniques, qui polluent son très beau premier film, “Peaux de Vaches”, espèce de western bien glauque, dont il signe la musique (deux espèces de pseudo-thèmes musicaux traditionnels rabachés et recyclés pendant 1 heure et demi). Pas vraiment abonné au Monde diplo et jaloux du succès de Manu Chao qui lui a su s’inspirer des Indiens révoltés (à juste titre) du Chiapas pour donner honnêtement naissance à l’AlternoWorld, il ruine le GISTI (assos qui aide les étrangers à défendre leurs droits face aux lois vichystes des politiques de gauche ou de droite) en imposant des stars (Jeanne Balibar …) pour l’enregistrement d’un album dont il tire pourtant de jolis bénéfices grâce à sa chanson ô combien démago et mysogine “Il n’y a pas de jolie fille adroite”. Il s’incruste dans le succès de Louise Attaque, sans succès. Passant à côté des grands mouvements sociaux et politiques, il défend farouchement les guerres impérialistes (injustes et lâches bombardements de la Serbie qui ne cherchent qu’à récupérer les puits de pétroles monténégrins, immondes tortures nazies en Irak) et défend les pseudo-intellectuels post 68tard André Goupilstein et Romain Glucksmann. Il marche aussi sur les plates-bandes de la très belle Christine Angot, en défendant l’inceste dans son charabia de pièce-de-théâtre-avec-des-chansons (!) “La Chanson du Zorro Andalou” (?) qu’il ose mettre en scène et interpréter en 1999.


Don Quichotte du pauvre, Theo Hakola donne un coup de chapeau au poète stalinien Neruda en intitulant sa dernière (oui, si seulement ça pouvait être la dernière, Hakola !) galette “Sexual Water and drinking womens”. Il paraît qu’aucune maison de disques (pas même Bondage, les traîtres qui ont essayé d’entuber la scène alterno des années 90, grâce à l’argent de la Maffia et du patronat) n’est intéressée. Comme quoi, il y a parfois une justice ! Ces temps-ci, il ramasse une rente d’intermittent en jouant des lectures musicalisées (!) dans des lieux hypra cultureux et méga subventionnés (Centre culturel Canadien à Paname, Villa Gillet à Lyon, Correspondances de Manosque, Paris Quartier d’été…) et en profite pour cracher hautainement et avec quelle putain de prétention dans la soupe de la culture française (Ouais, mais c’est pas aux States qu’il trouverait de quoi bouffer… D’ailleurs, après quelques années passées à Los Angeles dans les 90’s, où il essayait de faire carrière dans le cinoche, il est vite revenu chez nous, la queue entre les jambes). Il tente aussi de tapiner du côté de France-Cul grâce à des “mises en son” de pièces de théâtre soporifiques, dirigées par une ex-fan de Passion Fodder apparemment mal remise de ses émois d’ado…


Vieilli, amer et aigri, Theo Hakola s’est récemment entiché du groupe de café-théâtre Les Malpolis, Font et Val toulousains d’aujourd’hui ! Rappel pour le lecteur flemmard : Val a soutenu la guerre impérialisto-sioniste contre le peuple irakien et Font est en prison pour pédophilie… Il vient aussi de produire un groupe de baloche français qui se prend vachement au sérieux, les Gecko Palace (Daniel Balavoine après avoir enfin mué rencontre Noir Dez sous calmant… On se précipite…)

Espérons que le sieur Hakola retournera bientôt massacrer les pauvres truites Des États Nazis d’Amérique du nord et qu’il arrêtera de prêcher dans le désert!

… bio

Theo Hakola est né à Spokane dans l’état de Washington… il y a longtemps. Avant de faire de la musique, il faisait de la politique – au Comité américain pour l’Espagne démocratique à New York en 1975, par exemple. Avant de faire de la politique, il jouait au baseball – en tant que shortstop (plutôt moyen) de l’équipe de Hamblen Park, par exemple. Il a fait des études – à Antioch College dans l’Ohio et à la London School of Economics. Il a été serveur, professeur, journaliste, scénariste, photographe, traducteur, et animateur-producteur d’émissions de radio à Nova, France Inter, France-Culture, RMC, Cité 96… par exemple.

En 1978 Theo Hakola s’installe à Paris où, en 1980, il fonde le groupe Orchestre Rouge (deux albums chez RCA) qui enflammera la France et une petite partie de l’Europe pendant trois ans. En 1984, il crée Passion Fodder (5 albums chez Barclay). Signé par Beggar’s Banquet pour le monde en dehors de la France, ses disques trouveront une distribution internationale qui sera suivie par des concerts inoubliables d’Helsinki à Seattle. À la sortie de Fat Tuesday en Grande-Bretagne, l’incontournable New Musical Express baptise Theo Hakola «Baudelaire with an electric guitar» (08/07/87). En 1988, il présente Noir Désir à Barclay et signe la réalisation artistique de leur premier album. Par la suite, il réalisera des albums des Hurleurs, d’EV, des Malpolis, et de Gecko Palace. En 1989, Theo Hakola quitte Paris avec Passion Fodder pour Los Angeles. Après la séparation du groupe, en 1991, il continuera d’aiguiser le même couteau avec la même force aussi bien en français qu’en anglais. Le chant évolue subtilement, tendre et violent dans le même souffle. Les musiques intègrent davantage les racines sans jamais oublier le larsen. De l’anarcho-country selon certains. Du cajun punk selon d’autres. De la musique américaine selon Hakola.

Après la sortie de Hunger of a Thin Man (1993) et de The Confession (1995) chez Bond Age, Theo Hakola revient vivre en France où, dans des salles intimes comme sur des grandes scènes telle que les Eurockéennes, il livre des concerts d’une intensité rare. Parmi les subjugués, il y a Nick Cave and The Bad Seeds qui lui demandent d’assurer la première partie de leur tournée européenne (1996) puis lui prête le formidable Thomas Wydler pour les batteries de son troisième album solo – Overflow (Grosse Rose/Musidisc) – en 1997… «Il est tout à fait exceptionnel, dans nos vies en société, qu’une rencontre atteigne cette plénitude émotive à laquelle invite le dernier album de Theo Hakola… un album solo parfaitement étourdissant. Il y a là-dedans du folk, du rock, du punk, de la valse et des airs de matelots, des gueulantes qui portent loin et des ambiances d’intime complicité, des mélodies que l’on mémorise à la première écoute et des beautés qui s’appréhendent à la dixième.» Charlie Hebdo, 1998.

Son cinquième album solo – Drunk Women and Sexual Water (WAR-Anticraft) enregistré avec Bénédicte Villain, Brice Pirotais, Cyril Bilbeaud, Lionel Dollet, Alexandre Margraff and Warren Ellis – sort en 2007… «Quatorze morceaux sur ce CD surchargé et que du bonheur pour ceux qui comme moi ont grandi au son d’Orchestre Rouge et de Passion Fodder… 10 sur 10.»Noise, 2008.

En 2012, c’était l’heure de This Land Is Not Your Land (WAR-MVS pour le CD, Les Disques du 7ème Ciel pour le double vinyle) où il s’agissait une fois de plus d’une magnifique rencontre entre parole et guitare, entre spleen et amour, entre l’histoire du monde et celle de l’intime et ce, avec une attention particulière portée à son pays natal pendant cette année électorale, cf. le titre de l’album qui rend hommage à Woody Guthrie en détournant celui de l’une des classiques du troubadour contestataire…. sans parler des vieilles chansons syndicalistes du «Wobbly Medley». C’est aussi le fruit d’une vie riche en expériences et d’un parcours toujours marqué par l’exigence et la rigueur… sans oublier la necessité de rire ! Une fois de plus, c’est Hakola qui déborde, et c’est un joli débordement, le tout agrémenté par The Wobbly Ashes ­– Bénédicte Villain (violon), Matthieu Texier (guitare), Laureline Prod’homme (basse) et Tatiana Mladenovitch (batterie) – groupe à la finesse tranchante qui l’accompagne sur scène et l’a également accompagné pour l’enregistrement en 2016 de I Fry Mine in Butter! (titre redevable à Kurt Vonnegut) entièrement composé de reprises – CD et double vinyle chez WAR-Médiapop – et accueillant en invités les voix de Gabriela Arnon et Madeleine Assas ainsi que le violoncelle de Maëva Le Berre et le bandoneon de Pablo Gignoli.

En 2020, le seizième album, suite de quarante ans de production musicale – Water Is Wet (WAR-Médiapop pour le double vinyle et Microcultures pour le CD)– est paru. Du grand ART. Encore. Un chef d’œuvre de plus… On s’en fout, non ? On va tous mourir !

Sinon… longtemps après une première expérience d’acteur dans le “Mahagonny” de Brecht/Weill – mise en scène Hans Peter Cloos aux Bouffes du nord de Paris – Hakola a monté avec huit autres acteurs et musiciens sa pièce “La Chanson du Zorro andalou” à Rennes, Lille et Paris. La musique de ce spectacle – avec, entres autres, les voix de Hakola, Jeanne Balibar et Marie Payen ainsi que le saxophone d’Akosh et la batterie de Thomas Wydler – est sortie en CD (Kérig/Wagram) pourvu du texte complet de l’œuvre en 2000.

En 2003, il traduit et met en musique «Ellen Foster» d’après le roman de Kaye Gibbons, avec Paola Comis. En 2003 toujours, et dans le cadre d’une carte blanche de La Villa Gillet à Lyon, il crée une «lecture en musique» à partir de l’œuvre de Michael Ondaatje – «Une dizaine de morts». S’en suivront d’autres créations du même genre à partir de sa propre œuvre: «Les Chansons de La Valse des affluents» (2005), «Le Chant des âmes» (2008), «La Ballade de Carson Clay» (2011), « Rakia » 2013, et «Idaho Babylone» (2016) . En 2007, il compose et interprète la musique de «La Thébaïde» de Racine dans une mise en scène de Sandrine Lanno au Centre dramatique national de Montreuil et ailleurs… Au théâtre et au cinéma, il a également travaillé comme comédien et/ou musicien avec Patricia Mazuy, Lou Jeunet, Christophe Honoré, Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard, Arielle Dombasle, Nicolas Bigards et Michel Deutsch.

Côté livres… En 2001, Hakola voit son premier roman – La Route du sang – édité par Le Serpent a plumes, acclamé par la critique et bientôt suivi par son deuxième, La Valse des affluents, en 2003: « Pari réussit pour l’écrivain orpailleur qui entrelace avec bonheur les intrigues sentimentales, politiques, artistiques et filiales, que le rythme endiablé et très travaillé de la phrase rend palpitantes, dans un roman-fleuve où passent quelques scintillants électrons libres. » – Élisabeth Vust (24 Heures 4-4-2003). Ce roman sera adapté pour le cinéma par Sandrine Dumas pour son film “On ment toujours à ceux qu’on aime” (2019). En 2008, Hakola termine sa « trilogie du sang » avec Le sang des âmes, publié en France par Intervalles tou comme son quatrième roman – Rakia – en 2011. C’est Actes Sud qui publie en 2016 son cinquième roman – Idaho Babylone – et son sixième – Sur le volcan – en 2022. Dans la même année, paraît son premier livre de nonfiction – Non romanesque (Les Fondeurs de Briques) : des récits autobiographiques, essais et diatribes, sa vie et son œuvre jusqu’au tournant du siècle… le tout ponctué par une centaine de photos noir et blanc de l’auteur.

TÉLÉRAMA -10/12/14

Que est devenu le “Baudelaire” du rock ?
Marc Zisman

Passion Fodder, son cabaret blues’n’folk’n’punk, a marqué les années 1980. Aujourd’hui en solo, l’Américain célèbre les 30 ans du groupe au Point Ephémère le temps d’une soirée.


« Baudelaire avec une guitare électrique ». Lorsqu’un hebdomadaire de référence comme le NME (New Musical Express) vous étiquette de la sorte, la barre se situe assez haute… Theo Hakola n’en est pas à son premier fait d’arme lorsque cette phrase vient ponctuer, en 1987, la critique de Fat Tuesday, le deuxième album de son groupe d’alors, Passion Fodder. L’Américain installé à Paris s’est fait connaître quelques années plus tôt aux commandes d’Orchestre Rouge, formation plus culte qu’essentielle ayant officié dans le marécage du fourre-tout new wave/cold wave/post punk.

« Passion Fodder était véritablement une rupture et non la suite d’Orchestre Rouge qui fut pour moi une très bonne école pour savoir ce que je voulais faire, insiste aujourd’hui Theo Hakola. J’ai appris pas mal de choses au sujet des enregistrements avec Orchestre Rouge. Si je critique aujourd’hui les albums, ça n’est pas pour blâmer les autres membres du groupe ; je suis aussi fautif, voire plus qu’eux… Malgré ces quelques ratés, le groupe a ce côté toujours un peu culte pour les gens de cette génération. Pourtant, côté production, le premier album est limite inaudible aujourd’hui. Et puis je chantais et écrivais nettement moins bien à l’époque… »

Le déclic punk Tout ça semble si loin de Spokane (dans l’Etat de Washington), grosse bourgade de l’est de Seattle où Theo Hakola vit le jour en 1954. Une ville qu’il quitte avant de souffler ses vingt bougies pour parcourir le monde : Guatemala, Espagne, New York, Londres et enfin Paris où il jette l’ancre en 1978. Dans ses bagages, son attachement viscéral aux« musiques classiques américaines », qu’elles soient blues, country, folk ou rock’n’roll et qui suinte de la musique de Passion Fodder.« Ça a commencé vers 5 ans, puis il y avait Jimi Hendrix et cie. Mais c’est grâce au punk que j’ai commencé à faire de la musique. Comme pas mal de gens j’ai tenté de jouer vers 12-14 ans. J’étais un mauvais guitariste rythmique et même pas chanteur. C’est en passant par les textes que j’ai osé m’y mettre bien plus tard. Grâce au punk new-yorkais avec Television et Richard Hell, mais aussi aux Anglais plus politisés comme Clash. »Hakola pétrit des mots et noircit des pages par besoin. Baudelaire avec une guitare électrique donc ?« Le NME comptait beaucoup pour moi au début des années 80. Alors y voir un album de Passion Fodder chroniqué c’était un vrai plaisir. Cette étiquette m’a fait un peu sourire car je ne connaissais Baudelaire ou Rimbaud qu’indirectement, à travers l’écriture de Dylan ou Patti Smith. Je n’étais pas vraiment expert en poésie du XIXe… Mais bon, c’était un slogan efficace même si ça ne donnait pas une idée précise de Passion Fodder. »

Les racines américaines En 1985, Theo Hakola lance donc Passion Fodder avec Pascal Humbert à la basse (actuel comparse de Betrand Cantat dans Détroit), Nicolas Magat puis Jean-Yves Tola à la batterie, Lionel Dollet à la guitare et Bénédicte Villain au violon. On est alors loin des postures new wave d’Orchestre Rouge ; davantage dans un cabaret blues’n’folk’n’punk.« Avec Passion Fodder, j’avais besoin de retrouver mes racines américaines. En plus d’être chanteur et parolier je me suis mis plus sérieusement à la guitare. Au début, c’était mon bébé. Mais avec le temps, notre entente musicale et humaine a été si bonne que nous sommes devenus un vrai groupe. »Dans cette seconde moitié des années 1980, un autre songwriter jonglait avec les musiques classiques américaines. Nick Cave et ses Bad Seeds.« Je les considère un peu comme ma famille musicale plus qu’une réelle influence. Nous explorions des domaines différents. Je n’aime pas assurer les premières parties des autres, mais ouvrir pour Nick Cave & The Bad Seeds dans les années 90 ne m’a pas posé de problème, bien au contraire. J’ai d’ailleurs enregistré mon troisième album solo avec le batteur des Bad Seeds, Thomas Wydler… Musicalement, j’ai davantage été touché par les deux premiers albums du Gun Club et par ceux de Violent Femmes. Si nous n’avions pas l’impression d’appartenir à une vague, nous ne nous sentions pas non plus tout seuls sur notre île avec Passion Fodder. »

Un extra-terrestre En 1989, l’aventure prend même un tournant et une envergure singulière lorsque tous traversent l’Atlantique, direction Los Angeles.« Je voulais retourner vivre aux Etats-Unis ; j’étais en manque de mon pays. Mais pas question d’y aller sans faire de la musique. C’était bien de voir Los Angeles avec les yeux de mes amis et associés français. Moi-même, je me sentais un peu martien à L.A. »Ce statut d’extra-terrestre, Theo Hakola l’a finalement toujours conservé. Avec la musique, mais aussi le théâtre, la comédie, la production (il était derrière la console de mixage pourOù veux-tu qu’je r’garde ?, le premier album de Noir Désir) et surtout l’écriture. En 1991, ce touche-à-tout s’engage dans une carrière solo pour, neuf années plus tard, publier enfin son premier roman.« Il n’y a pas tant de frontières que ça entre musique, roman, poésie ou bande originale de film ; tout est lié. »Et la place de Passion Fodder dans tout ça ?« Je prends encore du plaisir à écouter et à jouer ces chansons aujourd’hui, même si je me dis ça aurait pu être mieux. Artistiquement je relève quelques faiblesses dans les textes, mais dans l’ensemble je vois une vraie solidité créative : cinq albums en six ans, des répétitions trois-quatre fois par semaine, des tournées jusqu’au Etats-Unis. J’ai un peu la nostalgie de ça d’ailleurs… Ma situation actuelle n’est pas vraiment la même. Pourtant je pense enregistrer en ce moment les meilleurs disques de ma vie ! Je suis au sommet de mes capacités créatrices mais peut-être que le reste du monde n’est pas d’accord avec moi… »

Curriculum Vitae

LIVRES :

* La Route du sang – roman – éditions Serpent à Plumes, 2001
* La Valse des affluents – roman – éditions Serpent à Plume, 2003
* Le Sang des âmes – roman – éditions Intervalles, 2008
* Rakia – roman – éditions Intervalles, 2011
* Idaho Babylone – roman – éditions Actes Sud, 2016
* Sur le volcan – roman – éditions Actes Sud, 2021
* Non romanesque – récits/essais – éditions Les Fondeurs de Briques, 2021

THÉÂTRE :

* Dracula, dans la veine de Bram Stoker avec Jacques Bonnaffé), compositeur/musicien/ interprète, Manosque, Paris 2019

* Idaho Babylone, lecture en musique (d’après le roman, avec Dominique Reymond, Bénédicte Villain et Simon Texier), compositeur/musicien/interprète, Grenoble, Frontignan – 2013

* Rakia, lecture en musique (d’après le roman, avec Dominique Reymond), compositeur/musicien/interprète, Dijon – 2013

* Sur la route, (d’après Kerouac, avec Jacques Bonnaffé), compositeur/musicien/ interprète, Manosque, Toulouse – 2011 ; Grenoble, Caen, Vendôme., Vincennes. – 2012 ; Rennes – 2013…

* La Ballade de Carson Clay, or Stendhal goes to Idaho (d’après La Valse des affluents), auteur/metteur-en-scène/compositeur/interprète… Printemps du livre, Grenoble – 2011

* L’Invention du monde (d’après le roman d’Olivier Rolin) compositeur/musicien, MC93 Bobigny – 2010. Mise en scène de Michel Deutsch

* USA, d’après Dos Passos, compositeur/musicien/interprète, MC93 Bobigny – 2010. Mise en scène de Nicolas Bigards

* Question : où nagent les grands-mères ? compositeur/musicien, aux Subsistances à Lyon ; Maison des arts de Créteil et au Volcan – scène nationale du Havre – 2009-10. Mise en scène de Sandrine Lanno et Paola Comis

* Le Chant des âmes, (d’après Le Sang des âmes), auteur/metteur-en-scène/compositeur/
interprète… Institut finlandais, Paris – 2009.

* La Thébaïde (Racine) – compositeur/musicien, CDN de Montreuil et L’Atelier du Rhin de Colmar – 2007. Mise en scène de Sandrine Lanno.

* Ellen Foster, (Kaye Gibbons)compositeur/musicien/traducteur, Dijon (Festival Frictions) et Lille (l’Aéronef) – 2002 puis, co-metteur en scène à Bagnolet (l’Échangeur) et à Lyon (Théâtre de la Rennaissance) – 2005.

* Les Chansons de ‘La Valse des affluents’ (d’après le roman), auteur/metteur-en-scène/compositeur/interprète… Correspondances de Manosque – 2004 ; Littératures métisses, Poitiers – 2004 ; Villa Gillet, Lyon – 2005.

* Une Dizaine de morts , (d’après Michael Ondaatje), adaptateur-auteur/metteur-en-scène/compositeur/interprète… à la Villa Gillet, Lyon – 2003, aux Correspondances de Manosque – 2003, au Centre culturel canadien, Paris – 2004

* La chanson du Zorro andalou – auteur/interprète et metteur en scène, au Théâtre de l’Aire Libre à Rennes, à Lille (L’Aéronef), et à Bagnolet (l’Échangeur) – 1999-2000.

* Mahagonny, (Brecht/Weill) – interprète, Théâtre des Bouffes du Nord à Paris et en tournée – 1983. Mise en scène de Hans-Peter Cloos.

CHANTEUR, AUTEUR-COMPOSITEUR,
RÉALISATEUR ARTISTIQUE, MUSICIEN :

ALBUMS…
Theo Hakola :

  • WATER IS WET (WAR/Microcultures/Médiapop) – 2020
  • I FRY MINE IN BUTTER! (WAR/Médiapop) – 2016
  • – THIS LAND IS NOT YOUR LAND – (WAR/MVS) – 2012
  • DRUNK WOMEN AND SEXUAL WATER – (WAR/Anticraft) 2007
  • LA CHANSON DU ZORRO ANDALOU – (Grosse Rose/Kerig) – 2000
  • OVERFLOW – (Grosse Rose/Universal) – 1997
  • THE CONFESSION – (Absinthe/Bondage-France) – 1995
  • HUNGER OF A THIN MAN – (Bondage-France) – 1993

avec Passion Fodder (Barclay/Polygram-France) :

WHAT FRESH HELL IS THIS? – 1991
WOKE UP THIS MORNING – 1989
LOVE, WALTZES AND ANARCHY – 1987
FAT TUESDAY – 1986
HARD WORDS FROM A SOFT MOUTH – 1985

CHANTEUR, AUTEUR-COMPOSITEUR :

ALBUMS…
avec Orchestre Rouge (RCA-France) :

MORE PASSION FODDER – 1983
YELLOW LAUGHTER – 1982

RÉALISATEUR ARTISTIQUE :

ALBUMS…

Noir Désir – Où veux-tu que je r’garde ? (Barclay/Polygram-France) – 1987
E.V. – Reuz (Lola Label/Polygram France) – 1994
Les Hurleurs – Bazar (Absinthe/Auvidis) –1996
Les Malpolis – La Fin du retour de la chanson (Willing/Mosaic) –2005
Gecko Palace – Tout va si bien (New Track/Anticraft) – 2008

MUSIQUE DE FILM – BOF :

Le Héros du nouveu monde, de Beajena Horakova (1988), Peaux de vaches, de Patricia Mazuy (1989), Perpetua 664 de Claudia Neubern (1999) La fille préféree de Lou Jeunet (1999), Les petites mains de Lou Jeunet (2000) La Vallée des larmes d’Agathe Dronne – 2011

ACTEUR DE FILM :

1988Peaux de vaches (Patricia Mazuy – 1989), Les Petites Mains (Lou Jeunet – 1999), Ma Mère (Christophe Honoré – 2004), Une Famille parfaite (Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard – 2005), The Portuguese Man O’War (Lauren Mekhael – 2008), Un Jour parfait pour le poisson banane (Virgile Bansard – 2008) Sleep Now (Joseph Cahill – 2009), Suerte (Jacques Séchaud – 2010), Pictures (Florent Quint – 2011); Alien Crystal Palace (Arielle Dombasle – 2018), On ment toujours à ceux qu’on aime (Sandrine Dumas – 2018), Curiosa (Lou Jeunet – 2018), La Bête (Bertrand Bonello – 2023)…

JOURNALISME/RADIO :

– Publication d’articles dans In These Times et dans Cinéaste aux U.S.A., et dans Libération, Actuel, Globe, La Scène, Les Inrockuptibles… en France
– Animateur/producteur/DJ sur Radio Nova, Radio Cité 96, France-Inter, RMC Côte d’Azur, France Culture…

ÉTUDES :

– London School of Economics and Political Science – 1975/76
– Licence d’Histoire politique, Antioch University, Yellow Springs, Ohio – 1977

TRAVAUX DIVERS: :

– Traduction anglaise de Composition, non-composition – Architecture et théories, XIXe-XXe siècles de Jacques Lucan (2011)
– Traduction de nombreux scénarios de film, pièces, chansons et articles…
– Animateur d’atelier d’écriture au Centre Théo Argence de Saint-Priest, 2005
– Animateur d’atelier d’écriture “La parole et les cris” Nevers –1998-99
– Professeur d’anglais, photographe, correcteur, serveur…
– Chargé de cours : La Guerre civile espagnole, Antioch College, Ohio – 1974
– Chargé de cours : La Photographie, Antioch College, Ohio – 1974
– Secrétaire du Comité américaine pour l’Espagne démocratique, New York – 1975
– Son, lumière, programmation – Tramps Club, New York – 1977-78